▬ Keith T. Noctix, professeur pour vous servir. De quoi ? De lettres bien entendu ! J’ai toujours été un amoureux de la littérature. Quelle plus douce mélodie aux oreilles que celle des mots parfaitement agencés en des vers exquis ? Les mots peuvent faire vibrer votre âme, vous arracher les larmes, vous faire sourire, vous réconforter ou vous détruire… Existe-t-il pouvoir plus puissant ? Oh j’ai souvent eut l’occasion de voir les capacités des autres évolués… « Pouvoirs »… Je vois plus une misérable maladresse de la vie et quelques petits veinards qui ont su jouir de cette loterie surprise…
Juger ou critiquer ? Loin de moi cette idée ! Ne suis-je pas superbe avec mes apparats d’animaux ? Et s’il n’était question que d’apparence… En plus d’être magnifique, j’ai le plaisir de pouvoir user des étonnantes capacités que m’a conféré ma mutation…

Je n’étais qu’un jeune homme encore un peu farouche lorsque je sentis ces changements s’emparer de mon être. Toujours le nez dans les bouquins, déjà facilement exclu… Mais en grandissant, j’avais pu noter des changements notables dans mon physique…
J'appris assez tard que feu ma grand-mère paternelle avait été impliquée dans les histoires suspectes du laboratoire d'Olstread... Ses enfants et le reste de la famille semblaient persuadés qu'elle avait emporter avec elle dans l'autre monde ces pouvoirs surnaturels... Mais le destin en avait jugé autrement et la farce se répéta à nouveau en venant sauter une génération..
Imaginez, vous éveiller un jour couvert d’un poil fin et doux d’un gris clair… Moi qui n’étais guère apprécié, cela n’a rien facilité à mon intégration sociale, quelle surprise n’est-ce pas ? Les premières semaines de cette mutation déstabilisante furent une période difficile… à l’époque où les jeunes hommes sont déjà avancés dans la puberté, moi j’essayais de cacher ma queue en panache, mes coussinets et mes moustaches…
C’est sans doute cette expérience qui nourrit et fit croître mon cynisme et mon goût des mauvaises blagues…
Lorsque mes parents, insupportés de devoir gérer un jeune homme traité comme un monstre, une sale bête mal élevée, quittèrent la ville, ils me confièrent à ma tante… Vétérinaire… Que c’était amusant…

De longues années mon estime de moi-même avait été mise à mal, mais Agathe, ma chère tante et tutrice, m’aida à voir en ma malédiction une force particulière. Un renard, un petit animal qui se fait passer pour faible afin de mieux duper ses chasseurs ou capturer ses proies… Pas un loup qui use de la force pour parvenir à ses fins, non… Un habile renard qui sait charmer par les mots, séduire par les sourires…

Ainsi j’appris à user de la crédulité des gens pour me voir comme un sot afin de les manipuler sans peine…Ces années de coups, de moqueries, de tirage de queue et d’oreilles furent certes un prix lourd à payer mais j’apprenais chaque jour à découvrir avec plus de plaisir le revers doré de cette médaille de honte…
Enfin, après mes études dans la ville d’Olstread, je vins me présenter comme humble professeur de lettres… Moquez-vous chers étudiants, pointez moi du doigt, mettez donc des punaises sous ma chaise… Vous ignorez encore à quoi vous vous exposez…