Et.... STRIKE ! [PV les Poussins]

Poussin Hazardeux

Ce n’est même pas si difficile que ça de me lever. Pourtant, il est encore six heures et quart du matin. Autrement dit, une heure où la plupart des gens ne sont pas reposés. En fait. Moi non plus. Je n’ai presque pas fermé l’œil de la nuit. J’ai dormi. Mais par intermittence. Tiraillée par les cauchemars, par des pensées désagréables quand je me réveillais, je mettais du temps à me rendormir. Ça m’arrive quelques fois, oui. Mais ça ne veut pas dire que je m’y habitue. Et là, je crois que j’ai atteint mes limites. Autant me lever, ça ne sert à rien de tenter de dormir pour me réveiller vingt minutes après.
Encore en nuisette, je ne prends même pas la peine de m’étirer, et me dirige directement dans la salle de bain. Je fais ma toilette, profitant de l’eau chaude sur ma peau, notamment sur mon dos. Ca apaise, je trouve. Quoiqu’il en soit, je m’installe ensuite sur le canapé. Oui, très utile je sais. Mais j’allume mon vieux poste télé – pas d’écran plat pour moi – et regarde la météo. Je pense que ma robe noire à volants et un gilet suffiront. Bien sûr, j’enfilerai des bas si je sors. Mais j’évite de les porter à la maison, vu que je les troue presqu’à chaque fois…

Après un film plutôt sympathique, je décide d’aller voir dans mon frigo, parce que j’ai soif. J’aurais préféré un jus de fruit que de l’eau du robinet… Mon frigo est vide. Mais quand je dis vide, c’est vraiment le cas. Il me reste peut-être juste des glaçons à sucer, et un yaourt dont la date me fait penser qu’il était là depuis bien longtemps. Je fais au moins des heureux.

Je prends donc ce pauvre yaourt nature, plus par pitié pour lui - et pour que je puisse dire que mon frigo est vraiment vide – et ainsi me donner une raison d’aller faire les courses. Parce que oui, il faut bien y aller un jour. Et comme je n’ai rien à faire, j’y vais maintenant.

Mes bas enfilés ainsi que mes longues bottes, mes sacs dans mon sac à main, je me rends donc au supermarché le plus proche. Je prends un petit panier à roulette, et fait le tour des rayons. Je prends trois bouteilles de lait, des pâtes, du riz, de la soupe. Pour déjeuner, quelque chose de facile serait le mieux. J’hésite. Quelles céréales prendre ? Même si à vrai dire, le goût je m’en fiche un peu. Je tends donc ma main vers l’étagère du dessus, désirant attraper la boîte où un tigre tend un bol.

Adopt a dog

Partager des moments de vie. Les bons comme les mauvais. Connaitre ensemble les fou-rires, la joie, les sourires, la chaleur humaine. Supporter ensemble la peine, les surprises amères, les aléas de la vie, les larmes. Devenir adulte, à deux. Devenir responsable, organisé, affronter le quotidien. Challenge accepted.

Angel s'était installé dans son appartement la veille. Il avait discrètement emménagé dans la chambre qui était vide depuis un mois. Adam bridait son enthousiasme, de peur d'effrayer son charmant colocataire par des démonstrations d'affection et de joie trop exubérantes. Un simple mais radieux sourire trônait sur son visage.

Ils avaient décidé ensemble d'aller acheter des provisions, parce que forcément, ça faisait une bouche en plus à nourrir. Et Angel ne mangeait pas forcément les mêmes choses que le blondinet. Qui soit dit en passant avait un régime alimentaire assez... typique du jeune homme célibataire et flemmard.

Breeeef. Ils étaient donc partis vers le supermarché le plus proche. Adam s'était armé d'un caddie et le poussait tranquillement aux côtés de son charmant colocataire. Un agent de sécurité lui avait lancé un regard très déplaisant. Bon, c'est vrai que deux jeunes garçons dans un supermarché, dont un qui porte une capuche, ça peut paraître bizarre. Mais comment pouvait-on soupçonner l'ange qu se tenait à ses côtés ?

Le blondinet n'arrêtait pas de le regarder d'ailleurs, cet ange. Ils ne se connaissaient pas vraiment encore. Mais tout ce qu'Adam savaient de son colocataire lui plaisait. Y comprit cette timidité tout simplement craquante, attachante. Il sentait qu'il allait l'adorer de plus en plus, ce bel australien qui semblait perdu sur cette île de rustres.

Première étape, le rayon petit déjeuner.

Abysses

❝ I do not believe in a fate that falls on men however they act; but I do believe in a fate that falls on them unless they act. ❞
Buddha

Ne plus être seul, vivre sa vie à l'unisson. Les cœurs battent d'un commun accord sans qu'aucun consentement ne soit donné. Depuis combien de temps sommes-nous si proches ? Qui donc a fait que nos deux vies se sont croisées ? Pourquoi quand nos yeux se croisent, j'ai subitement l'impression que tout devient plus sûr ? Est-ce vraiment ça qu'on appelle le Destin ?

J'observais avec une certaine curiosité les lieux. Depuis combien de temps avais-je rejoint cette ville ? Quelques semaines déjà maintenant... Mais aujourd'hui pour la première fois j'avais l'impression d'en être l'un de ses habitants, et non pas une simple âme errante en quête de sa moitié. Tout ça, je le devais à la seule et unique personne d'Adam Mercury. Un jeune homme qui de toute évidence avait joué un rôle fondamental dans ma petite vie ici. Je me sentais clairement comme un chien errant à ses côtés, et lui le maître attentionné qui sans relâche voudra tendre la main au plus démuni.

Le temps s'étant écoulé depuis notre rencontre se comptait pour l'instant en heures, peut-être que sur les coups de seize heures, je me permettrait une note mentale pour me dire qu'effectivement, cela faisait désormais une journée entière qu'un homme avait modifié le cours de ma vie. Un petit sourire enfantin s'étira sur mes lèvres, à cette pensée. Nous ne nous connaissions pas tant que ça, mais il y avait quelque chose au fond des pupilles dorées qui ne mentait pas.

Comme pour confirmer mes dires, je jetais un petit coup d’œil en direction de cet agréable blond qui déambulais en compagnie de qui je déambulais. Je ne pus empêcher le rouge de mordre mes joues lorsque nos regards se croisèrent pas inadvertance. Un petit rire gêné m'échappa alors que je posais mon regard sur toutes les choses qui nous entouraient. Il y avait vraiment un super marché dans le centre commercial... ? Je n'avais même pas remarqué lorsque j'avais fait le tour des multiples boutiques... Enfin bon...

Le bout de feuille aux coins cornés reposant entre mes mains se faisait triturer avec une certaine volonté. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je me sentais à la fois heureux et intimidé d'être en sa compagnie. Et je ne pouvais que noter que cette allure de jeune garçon sage donnait quelque chose de vraiment amusant avec son apparente habitude de toujours porter une capuche. Il s'arrêta quelques secondes pour se saisir d'un caddie, et nous voilà donc partis à l'aventure des rayons de cette grande surface... Un nouveau monde à mes yeux.

Jetant un coup d’œil à mes côtés, voulant demander l'avis de mon colocataire-propriétaire-loueur, nos deux regards se croisèrent encore. Je détourne vivement la tête et propose d'une voix un peu tendue.

« O-on devrait s'occuper de tout ce qui est petit déjeuner d'abord, tu.... ne crois pas... ? »

Je suis donc calmement le blondinet, qui pousse tranquillement son caddie sans vraiment regarder devant lui. Je lui intime, un petit sourire amusé, bien qu'un peu timide aux lèvres.

« Tu devrais regarder devant toi Adam... »

Sans plus m'attarder sur la question, j'incline la tête à plus ou moins chaque gondole de début de rayon pour voir où se trouvait le saint graal du rayon céréales et chocolat chaud. C'est avec un sourire victorieux que j'avance d'un pas un peu plus pressé vers notre destination ! Et comme le brave jeune homme qu'il est, lui me suit, toujours avec son caddie.

Une fois dans le rayon, je me retourne vers Adam, essayant de prendre un peu sur moi, un sourire mutin aux lèvres. Avançant à reculons, restant près du caddie pour ne pas perdre la direction, je lui dit, agréablement amusé.

« Quand j'étais petit, mon père me disait toujours que je ne pourrai pousser le caddie que quand j'aurai mon permis de conduire... Et vraiment, quand je vois combien tu ne regardes pas du tout où tu vas, je suis presque persuadé que toi, tu ne devrais pas avoir le droit de conduire ne serait-ce qu'un caddie miniature pour enfant ! »

Et comme le veulent les superstitions Australienne, deux événements concomitants n'ont rien à envier au hasard. Lorsque je m'apprête à me retourner pour reprendre une marche normale, j'entends un important bruit métallique provenant du côté où se trouvait Adam. Le temps que mon regard ne se pose devant nous, je n'ai que le temps d'apercevoir une silhouette noire sur la pointe des pieds tentant d'attraper la boîte de céréale tout en haut du rayon...

Puis le drame. Dans une secousse, comme un séisme, l'équilibre de toutes les boîtes semble se disloquer, et un ras de marée de carton avale la silhouette.

Paniqué, je jette rapidement un coup d’œil au blondinet, pour constater que le coin avant du caddie avait percuté l'armature de la grande gondole métallique, provoquant ce tsunami céréalier. Oh mon dieu. Qu'est-ce qu'on venait de faire... ? Et la... Personne en dessous... ? Je n'osais même pas esquisser un mouvement, trop inquiet que nous ayons réellement causé un grave accident.

HRP:

Poussin Hazardeux

Tendue sur la pointe de mes pieds, tentant d’attraper cette boîte de céréales qui restera dans mes placards pendant des mois, je sors ma langue, comme si ce geste allait me faire gagner dix centimètres. Et avant que je n’atteigne la boîte miraculeuse – nous ne saurons jamais si j’en aurais été capable… jusqu’aux prochaines courses – j’ai l’impression que le monde s’écroule sur moi. Je pense qu’à cet instant, j’ai prié Dieu pour ne pas avoir eu la lubie d’acheter des cornichons. Heureusement que les pétales de blés, même des kilos, ne sont pas bien lourds, et que les boîtes sont en carton, et pas en verre ou en métal. Malgré tout, sous la pluie de boîtes, je tombe au sol, perdant mon équilibre, et me retrouve dans un noir des plus total. Oui, le carton, une fois bien empilé, peut protéger de la lumière.

«Grmmbl. » C’est tout ce que j’ai envie de prononcer en l’instant. Enervée ? Blasée ? Les deux, probablement. Même si je pencherais plus pour blasée.
Finalement, après quelques secondes étalée sous les boîtes, je décide de poser mes coudes au sol, afin de relever mon buste. Certaines boîtes dégringolent alors, et découvrent ma tête à la lumière artificielle. J’étais peut-être mieux dessous, finalement. Cette lumière agresse réellement la rétine…

« Ah… » J’ai vraiment l’air fine, maintenant. Je dois passer pour une grosse maladroite. Et comme d’habitude, personne ne bouge. C’est dans la nature humaine.
C’est ainsi que je me relève, époussetant ma robe, refaisant les plis. C’est alors que je remarque la présence de deux jeunes gens, dont un qui tient le caddie… plutôt proche de l’étagère. Serait-ce, lui, le réel fautif ? L’autre m’a l’air plutôt inquiet, en tout cas.

Mon regard n’est même pas mauvais. J’ai plus l’air agacée qu’autre chose. Probablement deux jeunes en train de faire les zouaves. Je ne leur accorde donc plus un regard, mais souffle ces quelques mots, tout en tenant un paquet que je viens de ramasser :

« Je crois que les tigres cachent bien leur jeu… »

Adopt a dog

Trop occupé sans doute à penser à Angel, notre blondinet c'était jusqu'à présent pas mal fichu de son environnement. Mais alors que la pile de boîtes s'écroule, celle qu'il vient de percuter par un défaut d'attention, la phrase prononcée un peu plus tôt par son colocataire résonne dans son esprit.

« Tu devrais regarder devant toi Adam... »

Ouais, il aurait dû. Mais à présent, le mal était fait. Une vague de remords et d'inquiétude l'envahit et le paralyse, tandis qu'il observe le corps immobile sous le tas de boîtes. Bouge. Bouge. Bouge. Adam était tétanisé à l'idée d'avoir blessé cette personne. Il savait qu'il devait l'aider, mais son corps ne voulait pas répondre. Au lieu de ça, son inconscient lui adressait mentalement un chapelet d'insultes et de reproches que nous vous épargnerons.

Après des secondes interminables, le corps bougea enfin. Une jeune femme émergea. Son visage n'exprimait pas la souffrance. Merci le bon dieu des chiens. Mais un profond agacement se lisait dans ses perles bleues. Il atteignit le blondinet en plein coeur, telle une balle, se joignant au soulagement de ne pas la voir blessée. La pauvre victime de sa maladresse se releva enfin.

Adam la vit se pencher pour ramasser un paquet.

« Je crois que les tigres cachent bien leur jeu… »

Elle ironisait l'incident. C'était déjà pas mal, elle aurait légitimement pu avoir envie de massacrer le jeune mutant sur place. Ou peut-être allait-elle se venger plus tard. Ou se mettre à lui crier dessus. En tout cas, Adam songea que c'était le bon moment pour faire savoir qu'il n'était pas une statue de marbre. Il s'avança vers la jeune femme, sans oser la regarder dans les yeux, et s'adressa à elle de la voix la plus désolée du monde :

« Pardon madame, je... Je ne faisais pas attention, c'est... Vraiment, vraiment idiot... Je... »

Que dire d'autre ? Oui, il était idiot et c'était la seule cause de cet incident. Il se sentait sincèrement lamentable, avec ses pauvres excuses. Ça devait lui faire une belle jambe à cette jeune femme, de savoir qu'il était désolé. Et idiot. Mais ça globalement on pouvait supposer qu'elle s'en était douté. Cependant, s'excuser était vraiment la moindre des choses. C'est pour cela qu'il répéta, toujours sans oser affronter son regard.

« Je suis désolé. »

Abysses

❝ This was a triumph, I'm making a note here, huge success. ❞
Portal

Première sortie ensemble, premier cataclysme. Je ne savais plus vraiment s'il fallait trouver la situation complètement improbable et paniquer ou prendre la poudre d'escampette pour ne pas se retrouver en garde à vue. Il paraît qu'en Angleterre, ils sont super tatillons sur tout ce qui est grabuge causé par des jeunes non... ?

Je me mordais sévèrement la lèvre inférieure en voyant la jeune femme se relever, sans oser moi-même faire un quelconque mouvement. Elle... Elle a parlé là ? Elle a pas dit aïe ou autre chose non ? Et si elle s'était blessée ? Je regarde Adam complètement perdre ses moyens. Je ne l'avais jamais vu bégayer avant aujourd'hui.. Pas que je le connaissais depuis suffisamment longtemps pour tout savoir de lui mais... Allez Angel, prends ton courage à deux mains et sort ce pauvre Adam du pétrin. J'avançais prudemment et dépassais le blond, vérifiant de ne pas poser le pied sur une boîte de céréale avant de poser un regard inquiet sur la jeune femme.

« Excusez-nous madame, on... On ne voulait pas... Je... Vous n'êtes pas blessée ?Vous voulez qu'on... Appelle la sécurité.. ? »

La dernière partie de ma phrase, je l'avais prononcée la gorge serrée. Je n'avais absolument pas envie d'avoir de problèmes ici, après si peu de temps en ville. J'essayais de voir si la brunette avait des blessures visibles, peut-être un bleu, ou du sang ? Et si elle s'était cognée la tête ? On allait finir en prison ?

Je prenais une inspiration, tentant de freiner le vent de panique qui commençait à monter en moi. Il fallait que je fasse quelque chose. Oui. Oui, il y avait bien quelque chose à faire. Je regardais à mes pieds et me penchais rapidement, faisant signe à Adam de venir m'aider alors que je commençais déjà à empiler les boîtes à l'effigie du tigre, les mains tremblantes. Je prenais une nouvelle inspiration tremblante, n'osant plus lever les yeux vers la jeune femme, de peur de voir le courroux au fond de ses yeux.

On était fichus.

Poussin Hazardeux

Le fautif vient s'excuser. Un jeune homme, coiffé d'une capuche. J'avoue que je n'ai jamais vraiment apprécié ce style, qui rappelle les "racailles", mais après la sincérité de ses propos, prouvant sa culpabilité, je ne peux que me résoudre à penser que je juge trop sur l'apparence.

« Tu n’as pas besoin de t’excuser deux fois, le mal est fait. »

Oula, j’y vais un peu fort. Je suis vraiment maladroite, mes propos ont dû le blesser. Je tente donc un sourire qui se veut rassurant, bien qu’encore une fois, les expressions faciales ne sont pas mon truc.
Pendant quelques secondes, un blanc s’installe. Son ami s’avance alors vers moi, et s’excuse à son tour. J’avoue que c’est moi qui suis en train de culpabiliser. Il est sur le point de pleurer.

« Ce n’est pas grave, je n’ai rien… Ca aurait été des bouteilles en verre, ça aurait été différent… » Je marque une pause puis reprend : « Ce n’est pas comme si vous l’aviez fait exprès, ça peut arriver. » Je retente un sourire, qui me semble cette fois plus amical. Sauf qu’ils ne me regardent pas, mais admirent le sol avec un air de chien battu.
On croirait des enfants.
Je serre les poings un moment, puis me détend.

« Nous devrions surtout ranger toutes ces boîtes, les gens commencent à nous regarder bizarrement. »

A ces mots je me penche pour en saisir deux trois, pour les remettre en place sur l’étagère. Je les remarque toujours hésitant.

« Allez, plus vite que ça ! » ordonne-je avec une fausse autorité.

Adopt a dog

« Excusez-nous madame, on... On ne voulait pas... Je... Vous n'êtes pas blessée ? Vous voulez qu'on... Appelle la sécurité.. ? »

Angel avait réagit devant son inaction. A croire que c'était lui le fautif. Il s'incluait dans la bêtise d'Adam, et le blondinet ne pouvait pas supporter cette idée. Dès qu'il avait vu l'australien, si fragile, timide et perdu, il s'était juré de veiller sur lui. On ne pouvait pas vraiment appeler ça une réussite. Et voilà maintenant que son colocataire se mettait à remasser les boîtes. En somme, à réparer à sa place. Il fut bientôt suivit de la jeune femme qui n'avait pas l'air de lui en vouloir outre mesure.

« Allez, plus vite que ça ! »

On aurait dit le ton que prenait sa grand-mère, lorsqu'il était petit et qu'elle faisait semblant de le disputer. Ce souvenir le fit sourire et le sortit de sa torpeur. Il se mit sagement à ramasser les boites et à les réempiler comme elles l'étaient avant qu'il ne les percute. Il y mettait une vraie motivation, sous le regard réprobateur et impitoyable de deux agents de sécurité qui s'assuraient que tout reprenne sa place initiale. Tant qu'Adam réparait ce qu'il avait causé, ils ne leur poseraient pas de problèmes. Et grâce à l'aide d'Angel et de cette femme, ça mit relativement peu de temps.

Fier et légèrement rassuré, il contempla la petite montagne de boîtes de céréales. Après un regard échangé avec les deux agents, ceux-ci durent se dire que tout était rentrée dans l'ordre, et il retournèrent à leur poste comme prévu. Le blondinet poussa un profond soupir, et se tourna vers son colocataire. Il était sincèrement reconnaissant envers lui, de ne pas l'avoir planté là, à se débrouiller tout seul. Il lui adressa un sourire de gratitude avant de se retourner vers la jeune femme.

« Merci madame. Vous n'étiez pas obligée de nous aider à ranger, c'est vraiment gentil de votre part. »

Il s'avança vers elle. Ce n'est qu'à ce moment qu'il eu cette sensation étrange, ce frisson. L'aura de l'inconnue était anormale. Ses sens décuplés lisaient habituellement assez facilement au plus profond des gens. Mais là c'était différent. Il ne percevait qu'une aura trouble. Indéfinie et intrigante. Comme si son âme était instable. L'instinct d'Adam lui intima de ne pas trop s'approcher, par précaution. Mais quel genre de danger pouvait se cacher derrière ce petit bout de femme ?

Tout en restant sur ses gardes, il tendit sa main vers elle, pour se présenter :

« Je m'appelle Adam, et voici mon colocataire, Angel. »

Abysses

De toutes les situations possibles, il fallait vraiment que ce genre de fiasco tombe sur nous. Je veux dire, on faisait rien de méchant. On voulait juste faire les courses, et voilà qu'on se retrouvait à ranger des boîtes sous le regard pas du tout avenant des vigiles. Pourtant on a pas spécialement l'air d'être des criminels. Je suis persuadé que ça arrive aussi à leur personnel de casser des pots de cornichons ! Là c'est même pas du verre. Mais mine de rien, le regard des molosses du magasin ne m'inspirent absolument pas confiance. Y'a rien de pire pour se sentir sous pression, quand on se fait observer comme une bête de foire qui aurait fait une connerie. On a tué personne.

Mais rien à faire, quand je reposais l'une des dernières boites avec toutes les autres, mes mains ne s'arrêtaient pas de trembler. Respire Angel, c'est rien de bien grave. La dame a dit elle-même qu'elle n'avait rien de cassé, et maintenant que tout était remis plus ou moins en ordre, il n'y avait plus lieu de s'inquiéter. Je jette un coup d’œil vers Adam qui lui semble déjà beaucoup plus en confiance. Combien je l'envie de ne pas se sentir oppressé par la situation. Mon charmant colocataire prend les devants et remercie la dame de nous avoir aidé. C'est vrai qu'au fond, elle n'aurait jamais du nous donner un coup de main. Mais quelque part, ce geste mettait grandement en avant la gentillesse de notre victime. J'aurai pensé qu'un anglais type se serait mis dans tous ses états, avec son accent royal, et aurait vociféré, et nous aurait fait coffrer pour atteinte à la pudeur, à la vie privée des céréales, ou peut-être même pour tentative d'homicide. Je déglutis, encore crispé. Non non, pas de scénario catastrophe. En plus Adam vient de dire ton nom Angel. Allez, détends toi, rapproche-toi, fais un sourire, et ne t'évanouis pas.

Je fais un pas dans leur direction, restant un peu plus éloigné qu'Adam, au cas ou – au cas ou rien du tout, mais être précautionneux ne pouvait pas être un défaut -. Ne sachant pas trop quoi dire, vu la situation, il pris quelques petites secondes pour réfléchir. Ce genre de micro temps de silence qui rend tout le monde mal à l'aise. Oui, je suis le premier vecteur de mon mal être personnel. Je n'allais de toute évidence pas lancer une conversation philosophique sur le Destin et le fait que nos chemins se sont croisés par le non hasard. Alors je passe juste une main sur ma nuque, dans un signe distinctif de gêne et baisse les yeux avant de répéter.

« En tout cas on est vraiment désolé.. On... On ne voulait vraiment pas que les choses se déroulent comme ça.. »

Puis une idée de génie me vient. Cette dame, à l'origine, elle essayait bien d'attraper quelque chose en haut d'une étagère, non ? Je tourne la tête en direction du lieu du crime, et cherche sans trop savoir ce que voulait atteindre la dame.

« Hum... Du coup... Je vous ai vu essayer d'attraper quelque chose en hauteur... Je... Et je réalise subitement que je donne clairement l'idée d'avoir été en train de l'épier. Merde. E..Enfin, je veux dire ! Je ne vous espionnait pas ou quoique ce soit, je ne veux pas paraître grossier ou autre... »

Statut de la conversation : Échec total. Je savais dès le début que j'aurai du laisser Adam parler. Et plus je parle, plus j'ai l'impression que mon malaise devient contagieux, et la peur de rendre Adam et notre compagne d'infortune nerveux m'assaillit. Une seconde, j'hésite sur les mots à prononcer pour désammorcer la bombe de stress que j'ai potentiellement pu lancer par mon comportement et bredouille comme un idiot, et frottant mon bras d'un air timide.

« Je veux dire... Je vous aurai bien aidé, mais je suis même pas sûr d'être assez grand pour... Pour attraper heu... Ce que vous vouliez... ? »

Bien joué Angel. Tout en finesse, classieux et pas du tout nerveux. Un euphémique 10/10 en communication pour moi. Comme d'habitude, j'aurai presque envie de dire...

HRP:

» Le Hazar fait bien les choses, les poussins aussi ~

Et.... STRIKE ! [PV les Poussins]

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